En ce vingt-et-unième siècle, siècle de la mondialisation et de l’accroissement du tourisme vers le Maghreb, les maghrébins voient leurs sociétés se modifier. Face à l’homosexualité croissante et aux nombreuses affaires de mœurs qui noircissent les journaux, les gardiens de la morale tentent de mettre le holà pendant que d’autres applaudissent à une plus grande liberté.
Par ici, le tour d’horizon.
La sexualité au Maghreb, reste malgré les efforts de beaucoup, un sujet pour le moins tabou. Entre religion, traditions, société et ignorance, les jeunes maghrébins se sentent souvent déconcertés et perdus. Certains aspirent à mieux comprendre ce qu’est la sexualité et à plus de liberté sexuelle pendant que d’autres, au nom des valeurs arabes, exigent plus de fermeté.
D’abord, le mot sexualité est un mot que très peu osent prononcer devant des membres de leur famille ou des personnes âgées. Si on en parle entre amis du même âge, cela demeure un sujet sensible. La sexualité est absente des débats sociétaires et de la plupart des médias. Elle existe mais d’une façon cachée comme une maladie latente et honteuse et ce, même une fois légalisée par le mariage.
Au niveau de l’éducation, depuis quelques années, les jeunes ont le droit à une ou deux conférence dans l’année sur les risques du Sida. Mais très souvent, cela est expliqué d’une façon très générale avec des mots techniques. Et malgré les vantardises de beaucoup, ils restent pour la plupart très ignorant des notions – même les plus élémentaires – de la sexualité.
Et pour cause. Il existe très peu de cellules d’écoutes et les jeunes maghrébins ont tendance à avoir honte de poser certaines questions aux médecins par peur aussi d’être considérés comme des « débauchés ».
En effet, les jeunes garçons ont souvent eux-mêmes une vision à connotation très négative de la sexualité. Persuadés que l’acte en lui-même est « l’œuvre du diable », ils la vulgarisent, voire la renient, la rejettent ou cherchent à détruire l’objet de leur désir. Cela donne des heurts entre femmes et hommes. Les premières jugées souvent coupables d’attirer l’attention ou le désir de l’homme et les seconds coupables de ce désir que les femmes ne veulent ou ne peuvent pas satisfaire.
Le sort des femmes est moins enviable. Pressées par les petits amis ou les fiancés, elles finissent parfois par « s’abandonner », plus pour faire plaisir que par envie réel. Dans beaucoup de cas, elles se retrouvent seules ensuite. Direction alors une adresse griffonnée par une amie compatissante afin de se faire recoudre l’hymen, la virginité étant une condition quasi-obligatoire pour le mariage.
L’ignorance ici encore peut jouer des tours : certaines femmes naissent naturellement sans hymen mais beaucoup l’ignorent. Aujourd’hui encore, les femmes se marient très souvent en ayant presque aucune idée de ce qu’est l’acte sexuel ni de la façon dont fonctionne le corps humain qu’il soit masculin ou féminin. Une compagne de sensibilisation et une véritable éducation sexuelle semblent être nécessaires dans les pays arabes.
Le manque de dialogue, les préjugés et l’ignorance doivent être combattus pour une image de la sexualité plus saine. L’Islam, première religion au Maghreb, n’a pas mis de côté la sexualité et a insisté sur la nécessité de toujours expliquer sans aucune ambiguïté les choses.